Mes voeux pour la planète en 2014

Je voulais comme chaque année vous souhaiter mes meilleurs vœux mais j'avais envie de le faire un peu différemment cette fois. Je souhaite partager avec vous la réflexion qui est la mienne en tant que professionnel du commerce international mais aussi que citoyen du monde.

Je me suis souvent décrit comme un soldat de la mondialisation. Fier d'être un guerrier de l'export, un chasseur. Un prédateur. Mais force est de constater que le modèle des 30 glorieuses qui nous a été vendu et auquel je croyais s'avère être à postériori un désastre pour la planète, pour les modèles économiques de développement et les répartissions de richesses.

Fort de ce constat, j'en suis venu à réfléchir petit à petit aux conséquences de mon propre mode de fonctionnement. Quels impacts ont nos gestes quotidiens, nos décisions d'achats, notre consommation sur l'environnement et le bien être des gens autour du monde ?



L'HEURE DU CONSTAT

En France en 2011, en moyenne 1 650 000 m2 de milieux naturels et terrains agricoles sont détruits chaque jour ; remplacés par des routes, des habitations, des zones d'activité. Cette surface correspond à un plus de 6 hectares par heure. Ceci provoque l'artificialisation du sol c'est à dire que notre terre perd définitivement les qualités qui sont celles d'un milieu naturel, qualité qui inclut une capacité autoentretenue à abriter une certaine biodiversité.

Alors que la population a triplé au 20ème siècle, la consommation d'eau a elle était multipliée par 6.  L'agriculture consomme à elle seule 70% des ressources en eau, contre 20% pour l'industrie et 10% pour les usagers. Le problème c'est que 90% des eaux usées dans le monde ne sont pas traitées et directement rejetées dans le milieu naturel. Le traitement de l'eau est désormais un enjeu prioritaire pour l'humanité.

Les rejets sont déversés dans les sols mettant en péril les écosystèmes et la biodiversité. Car 80% de la masse totale d'êtres vivants sur terre se trouve dans le sol. On y trouve près de 25 tonnes d'êtres vivants par hectare, sur une épaisseur de 30 cm ! Ils remplissent un rôle essentiel et unique pour notre survie en aérant le sol et en favorisant la formation de l'humus qui se dégrade. 95% de l'eau que vous buvez provient des nappes souterraines du sol.

Pollution, construction de barrages, réchauffement et assèchement des cours d'eau... Il faut y ajouter  l'utilisation massive de pesticides par les agriculteurs et les jardiniers. Utilisés pour éliminer les insectes, rongeurs et plantes indésirables, ils mettent en danger la biodiversité et sont toxiques pour l'homme. En Europe on retrouve les pesticides dans 47% des fruits et légumes.

Par ailleurs, 80% de la production agricole de céréales sert à alimenter... des animaux ! Notre goût immodéré pour la viande rouge nous conduit dans le mur. Subventionnées, la grande majorité des cultures intensives alimentent du bétail et des volailles. Les quantités d'eau et d'engrais chimique nécessaires pour produire 1 kg de viande sont énormes. Il faut changer de comportement dès aujourd'hui et réduire notre consommation de viande, surtout rouge.

La pollution de l'air a engendré une diminution de 10 mois de nos espérances de vie en Europe. En cause, les très fines particules que nous respirons à l'origine de nombreux cancers. En France, les pics de CO² (dioxyde de carbone) responsables du Réchauffement se multiplient et s'amplifient et causera de graves problèmes respiratoires irréversibles à nos enfants.

Mais le changement climatique modifie également les écosystèmes en entrainant des maladies aux plantes et forêts, nécessaire à notre survie. En France, à cause du réchauffement climatique, certaines espèces d'arbres croissant en milieu frais disparaissent.

Un seul chiffre permet de se rendre compte de l'ampleur de notre incapacité à changer de comportements. 70% des ruches sont abandonnées et désertées par les abeilles. Elles souffrent du "syndrome d'effondrement des colonies". 80% des espèces végétales ont besoins des abeilles pour être fécondées. Si l'abeille venait à disparaître, l'homme n'aurait plus que 5 années à vivre !

Au Brésil, une colonie d'un millier Manchots a été découverte sur des plages du nord du pays soit à plus de 2000 km de leur route de migration habituelle car le réchauffement climatique et les activités de l'homme affectent aussi les océans. Depuis 1950, les prises de pêche ont été multipliées par 5. (De 18 à 100 millions de tonnes). Plus de thon rouge, de cabillaud, d'espadon entre autres... Au Canada, les autorités ont été obligées d'enterré un roqual échoué sur la côte dans une décharge pour déchets industriels tellement l'animal était contaminé par la pollution chimique des eaux.

Dans l'océan Pacifique, une plaque de déchets flottants grande comme la France a été découverte entre Hawaï et la Californie.

A nos côtes, la mer méditerranée est le plus grand réservoir de biodiversité derrière l'Amazonie avec 28% d'espèces que l'on ne retrouve nulle part ailleurs sur la planète, notamment des cétacés. Quel avenir leurs réservons nous à ce rythme ? Les rejets industriels, agricoles et atmosphériques de chaque pays sont un risque pour notre santé tellement la concentration de polluants s'amplifie tout au long de la chaîne alimentaire.

Dans le monde, 1 personne sur 7 vie dans un bidonville. Cette proportion ne cesse d'augmenter. On estime que chaque semaine, 1 million de personnes fuient la misère ou la guerre pour rejoindre un ville. 1 milliard d'individus vit avec moins d'1 dollar par jour dont 70% de femmes. Ce sont également elles les plus touchées par l'illettrisme représentant 65% de la population illettrée mondiale.

Il faut dans notre mode de fonctionnement réfléchir à toutes ces données et les relier à notre quotidien en entreprise et y trouver des sources d'inspiration et d'innovation pour améliorer le monde et donner un sens à ce que nous faisons dans nos entreprises. Ci-après des pistes de réflexions pour nos prochaines actions.
 

QUELLES ALTERNATIVES DURABLES ?

Le niveau d'éducation et de formation des populations.

Illettrisme, absence d'éducation, de qualification. Les défis à relever pour améliorer l'humanité et la planète sont grands. Remédier aux retards, même en France est un véritable enjeu pour l'humanité. Les connaissances et compétences de base sont essentielles pour garantir à chaque individu un avenir. Responsabiliser les individus, leur apprendre le respect des hommes et de la planète, leur redonner confiance en eux...


L'éducation par le haut

Désormais, dans de nombreuses universités anglo-saxonnes prestigieuses, l'éthique et l'écologie sont devenues des disciplines obligatoires afin de répondre aux préoccupations et aux problématiques incontournables des collectivités et entreprises liées à l'environnement. 

Les propos d'Albert Jacquard à ce sujet sont intéressants.

"Il faut supprimer tout esprit de compétition à l'école. Le moteur de notre société occidentale est la compétition, et c'est un moteur suicidaire. Il ne faut plus apprendre pour et à être le premier. L'Éducation nationale ne doit pas préparer les jeunes dont l'économie ou la société ont besoin. La finalité de l'éducation est de provoquer une métamorphose chez un être pour qu'il sorte de lui-même, surmonte sa peur de l'étranger, et rencontre le monde où il vit à travers le savoir. Les grandes écoles (Polytechnique, l'ENA...) sont remises en question dans leur mode de recrutement. La sélection ne produisait que des personnalités conformistes, incapables de créativité et d'imagination."


Le développement durable.

Il propose d'améliorer la qualité de vie de chaque être humain, tout en respectant le monde vivant qui l'entoure. Les générations actuelles et futures auront besoin d'une planète équilibrée pour vivre.
 

La transition vers les énergies renouvelables

C'est l'énergie hydroélectrique qui se classe dans le top du classement. Elle représente 90% de la production totale d'énergie renouvelable et 16% de la production mondiale d'électricité. Malheureusement, ce sont encore les cours d'eau les plus utilisés mais face aux enjeux actuels, de nouvelles technologies se développement pour exploiter les courants en mer, vagues et marées.
Viennent toutes les autres énergies, existantes ou à l'état de prototypes.
 

L'économie circulaire

Cette économie est décrite comme la possibilité pour une entreprise de valoriser les déchets d'une autre entreprise pour se créer sa propre matière première. Les flux de matières sont de deux types bien séparés ; les nutriments biologiques, destinés à ré-entrer dans la biosphère en toute sécurité, et les intrants techniques, conçus pour être recyclés en restant à haut niveau de qualité, sans entrer dans la biosphère.
 

L'économie sociale et solidaire.

Mettre l'économie au service de l'homme. Reconnus d'utilité publique, ces établissements ont une activité de préservation de l'environnement et l'aide et l'insertion de certains publics.
 

Le commerce équitable.

Ce type de commerce propose une autre façon de consommer en assurant un revenu décent aux petits producteurs tout en protégeant l'environnement. 

Le micro-crédit.

Comme son nom l'indique, c'est un système de prêt réservé aux gens à faibles revenus mais ayant un projet d'entreprenariat. Seule la confiance est exigée pour garantir le prêt. La micro-finance est devenue un enjeu mondial car elle répond aux besoins d'entrepreneurs trop pauvres pour accéder aux systèmes bancaires traditionnels. Les prêts restent d'un faible montant et le calendrier de remboursement est strict.
 

Les ressourceries-recycleries.

Elles collectent les objets de votre quotidien pour leur donner une nouvelle vie. Nettoyage, réparation, revente à prix bas. Elles permettent également de jouer un rôle éducatif de sensibilisation des usagers à la question des déchets et à la consommation. Enfin, elles créent des emplois locaux.
 

Les jardins urbains ou "familiaux"

Ce sont des parcelles de terre prêtées ou louées aux habitants destinées à cultiver leurs fruits et légumes. Mais le concept va au delà de simples parcelles. Partant du constat que l'urbanisation ne doit pas se substituer à nos environnements de vie naturels, cette démarche vise à promouvoir l écologie urbaine en proposant des concepts innovants de jardinage dans la rue, sur les trottoirs, les murs, les toits, les balcons, terrasses, aux pieds des arbres, bref, partout où une graine peu pousser et donner la vie.
Les zones urbaines deviennent des zones de biodiversité protectrice.


QUELQUES PROPOSITIONS DE CHANGEMENTS SIMPLES POUR 2014

 
  • Laisser tomber les bonnes résolutions mais agir
  • Essayer de changer mon mode de pensée
  • Me tourner vers les autres
  • Améliorer mes relations
  • Cesser de ne pas agir
  • Prendre du plaisir à chaque entrainement
  • Continuer à apprendre
  • Penser, écrire, partager
  • Pratiquer la compassion pour chaque espèce vivante
  • Simplifiez ma vie
  • Pratiquer le minimalisme dans tout
  • Profiter des moments les plus simples
  • Enrichir ma vie de petits rituels sympas et d'habitudes amusantes
  • Faire encore plus pour la planète

Tous mes voeux de bonheurs accompagnent ceux qui sont arrivés à lire ce message jusqu’à la fin. Amicalement.

Commentaires

  1. Meilleurs voeux à vous aussi, que 2014 vous apporte toute l'inspiration nécessaire pour continuer d'alimenter ce blog export très complet.
    Comment allier commerce international, économie équitable et développement durable, telle est la question à laquelle l'article ci-dessus donne quelques pistes de réponses. A méditer...

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    1. Merci Hélène. Les acteurs du commerce international sont en première ligne pour influencer les actions à mener pour améliorer le système. Il est donc devenu incontournable pour nous d'y réfléchir, d'influencer et d'agir. Car la situation n'est plus préoccupante mais inquiétante. Seuls l'adaptation des comportements peut permettre d'atteindre un équilibre durable (si tenté qu'il puisse exister). Il est urgent de comprendre, de changer notre vision de la consommation et du développement et d'éduquer autour de soi. Merci de continuer à suivre le blog et d'échanger.

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  2. Meilleurs voeux à l'auteur de ces lignes.
    Je suis votre blog depuis quelques semaines en tant qu'assistante export d'un bureau d'études sur la biodiversité (Office de Génie Ecologique - www.oge.fr). Comme vous le dites, nous sommes en première ligne pour améliorer le système, en agissant sur la gestion directe des milieux naturels. Toujours à la recherche de nouveaux contacts et de bonnes pistes, je profite de vos conseils pour améliorer l'approche internationale et agir sur le continent africain.
    Merci pour vos billets.

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