Entreprendre au Brésil : Un pari difficile ?

Après 2 ans à Recife, dans le Nordeste Brésilien, pour le compte d’une multinationale française, Elodie et Fabio ont décidé d’y rester et de créer leur propre entreprise, une société de trading réalisant de l’import-export depuis et vers le Brésil.

Ils ont en fait créé deux structures jumelles, l’une basée dans la capitale du Pernambouc, « 26 Trading » www.26trading.com.br , et l’autre à Paris, Maniva Trading.


Aujourd’hui, outre les études amont pour aider leurs clients à développer leur business au Brésil (marché, concurrents, pricing), ils réalisent l’importation de nombreux produits en provenance du monde entier : pianos, épices, plastique, tissus, parfums, vin, moteurs, pièces d’éoliennes, balances optiques, voiliers et même des hélicoptères…

Ils organisent à la fois les transferts maritimes, aériens et terrestres, le dédouanement et l’homologation des pièces, et obtiennent la plupart des fois des incentives fiscaux réservés aux seules Trading ce qui réduit ainsi la facture de leurs clients.

Comment s’y sont-il pris ?
Quelles difficultés et quelles perspectives quand on se lance dans une telle aventure ?
Avant tout, pourquoi avoir choisi le Brésil ?

Parce que ce pays bénéficie d’une croissance économique impressionnante et que l’immensité de son territoire, grand comme 15 fois la France, ouvre des perspectives uniques.

Alors que la crise économique ralentit toute l’économie et pèse sur le moral des européens, le Brésil nous est apparu comme un eldorado.

Grâce aux années Lula, la classe moyenne est ainsi passée de 32 à 52 % de la population : en lançant des mesures sociales à grande échelle, comme la bolsa familia (aide financière conditionnée à la scolarisation des enfants), le président brésilien a sorti de la pauvreté 32 millions de ses concitoyens. Autant de nouveaux consommateurs qui ont désormais accès au crédit et qui ne demandent qu'à dépenser.

Ce très vaste marché intérieur brésilien de près de 200 millions d’habitants (soit la moitié de l’Amérique du Sud) et l’extraordinaire consommation interne (plus de 80% de son PIB) sont les principaux moteurs d’une croissance à presque deux chiffres comme on n’en enregistre plus en Europe.

Six nouveaux centres commerciaux sont ainsi en projet à Fortaleza, la 2è ville du Nordeste.

A Recife, le futur méga « shopping Rio Mar » sera inauguré l’année prochaine. Cette construction, qui aura nécessité environ 260 millions € d’investissements, sera le plus grand centre commercial, de services et de divertissements du Nord-est.
Par ailleurs, grâce à un système financier assaini et solide, on voit que le Brésil attire désormais les entreprises du monde entier.

Recife, ensuite, nous est apparue comme une ville particulièrement attractive, dans une région très bien dotée pour dominer les échanges commerciaux avec le monde extérieur
Recife est en effet une ville-clé ; avec São Paulo, Rio de Janeiro, Salvador et Belo Horizonte, c’est l’une des principales villes d’affaires du Brésil.


Outre sa localisation dans un état possédant une frontière terrestre avec dix pays, la région nous parait prédestinée à devenir une plate-forme logistique :
C’est en effet un point d’entrée particulièrement favorisé ayant bénéficié de nombreux investissements pendant les années Lula (originaire de cette région du Pernambouc).

De gigantesques projets ont ainsi vu le jour tels que :

  • l’immense complexe portuaire et industriel de Suape où travaillent en ce moment 55 000 personnes ; le port ambitionne de multiplier son trafic par 10 d’ici 2030 pour le porter à 90 millions de tonnes (installation de raffineries, chantiers navals…), 
  • l’implantation de la plus grande usine FIAT du monde, de la fabrique de jus et de chocolats KRAFT FOOD, …
  • le lancement de la ligne ferroviaire TRANSORDESTINA, longue de 1 730 km, reliant grâce à sa forme en « T » l’intérieur du Piauí au port de Pecém dans le Ceará, et à Suape dans le Pernambouc ; 10 terminaux intermodaux, tous financés par le gouvernement de l’Etat à hauteur de 209 000 €, y sont en construction ; ces « ports secs », de 2 000 m de long et 200 m de large, serviront de dépôts.
  • la création du pôle pharmaceutique de Goiana (usine Hemobras)
Est-ce facile d’entreprendre au Brésil ?
Que conseilleriez-vous aux candidats à la création d’entreprise dans ce pays ?

D’abord, il est impératif de très bien parler la langue du pays : il ne faut pas sous-estimer la difficulté d’apprentissage du brésilien doté d’une grammaire complexe et d’un vocabulaire assez riche.

Ensuite, attention au niveau de vie dans ce pays qu’on imagine beaucoup plus modeste. Certes, pays en voie de développement, le Brésil reste malgré tout très cher dans la mesure où la classe moyenne est encore émergeante : l’accès aux services gratuits dont nous bénéficions en Europe est réservé ici aux très riches : un plan de santé pour une famille coûte dans les 600 euros / mois, scolariser un enfant dans le privé (mais il n’y a guère d’autre choix) coûtera dans les 700 euros par mois, la plus petite voiture coûte minimum 15 000 euros, un appartement familial dans un bon quartier de la ville coûtera dans les 2000 euros / mois charges comprises…


Et puis surtout, attention, le Brésil reste un pays difficile, très procédurier et très bureaucratique, où l'on a souvent besoin d'une armée d'avocats.

A titre d’illustration, l’existence même de la profession de « dispachante » témoigne bien de la complexité et de la longueur des procédures : cette personne spécialisée réalisera vos démarches administratives, c’est à dire fera la queue pour vous ainsi que les innombrables allers-retours avec les services concernés. Il est ainsi nécessaire de sous-traiter à un dispachante aussi bien le dédouanement d’une marchandise au port, ou l’obtention de l’aval des autorités sanitaires, que des démarches aussi « simples » que la validation d’un permis de conduire ou encore la certification d’une écriture immobilière.

Par ailleurs, l'un des problèmes récurrents est lié au fédéralisme du Brésil car ce pays, c'est aussi 26 Etats, avec autant de régimes fiscaux différents et des barrières entre chacun d'eux, ainsi que  de fréquentes dissensions entre les pouvoirs locaux qui dominent, les Etats régionaux et le pouvoir central.

Le manque d'infrastructures freine aussi le développement de certaines industries. Les routes sont engorgées et très dangereuses, il n’y a pas assez de voies ferrées.

Enfin, il est primordial d’avoir des partenaires brésiliens de confiance.

Le clientélisme et la corruption sont très présents et il est impératif de pouvoir compter sur de bons contacts locaux. Nous avons créé notre société au Brésil après 2 ans de prospection et de travail sur place et surtout, nous l’avons créée avec des partenaires solides et un associé brésiliens de toute confiance. Se lancer dans cette aventure tous seuls aurait été infiniment plus difficile.

Visitez le site de www.26trading.com.br



Commentaires

  1. Je trouve cette analyse très juste. J'ajoute que personne ne vient au Brésil en pays conquis. Non seulement il faut maitriser la langue, mais aussi il faut comprendre la culture du pays. Par exemple, un brésilien n'aime pas vous dire non. Alors il acceptera des rendez-vous auxquels il ne peut pas aller ou il vous donnera une mauvaise information plutôt que de ne pas vous répondre.... ce qui est perturbant pour un expatrié fraichement débarqué. Je confirme qu'il est important de prendre son temps pour étudier son projet et de s'entourer de personnes locales compétentes et honnêtes.

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  2. Merci Alexis
    Je ne connaissais pas ce trait de caratère pour le non bien connu dans la culture asiatique également.
    Ne pas venir en pays conquis peut s'appliquer partout sur la planète notament en France aussi ou pour certains, exporter ce serait être capable de mettre les pieds en Province.

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  3. bonjour ,

    longue vie a twenty6 trading , bravo pour votre initiative .

    Concernant les couts cités " :

    un plan de santé pour une famille coûte dans les 600 euros / mois, scolariser un enfant dans le privé (mais il n’y a guère d’autre choix) coûtera dans les 700 euros par mois, la plus petite voiture coûte minimum 15 000 euros, un appartement familial dans un bon quartier de la ville coûtera dans les 2000 euros / mois charges comprises..

    Je les trouve tres exagerés a moins evidemment de prendre le Top du top que cela soit ecole , plano de saude etc..

    Dans mon cas 3 tetes ( plan de saude ) 24,44,5 reviens a environ 500 rs /mois soit 208 euros , mais cela depend de l'age de chacun aussi ..,pour une ecole privée " normale" compter dans les 200-400 rs soit 83 euros a 166 euros mais tout depend du service attendu et de l'age de l'enfant ( dans mon cas 5 ans) , une voiture de base coutera dans les 12000 euros , et quant a payer 2000 euros pour un apprt , tout depend de la ville , prestations proposées , et surface

    Bonne route ,

    Christophe , Saõ luis-MA

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  4. C'est vrai que j'aurais pu parler de cette incroyable caractéristique brésilienne à ne presque jamais savoir dire non. Par gentillesse, par habitude culturelle, les brésiliens n'aiment pas refuser un service, une invitation, un contrat...

    Même si pour nous européens, les conséquences liées au non respect d'un engagement, peuvent nous apparaître souvent pires que le simple fait de dire non ou de moduler des réserves.

    C'est donc très difficile à intégrer à la fois d'un point de vue personnel, car il faut savoir prendre ses distances pour se protéger par exemple des invitations chaleureuses .... mais sans adresse !
    et d'un point de vue professionnel, car il faut apprendre à border très sérieusement toute affaire (avec des pénalités contractuelles, en rallongeant les délais d'une marge de sécurité, etc.).

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  5. Encore beaucoup de clichés à mon goût et des exagérations notamment sur les dépenses annoncées... une école à 700 € par mois et par enfant correspond au prix pratiqué par le lycée Français Pasteur à Sao Paulo et question intégration on est loin de cette objectif, surtout qu'il existe des école semi privé Brésilienne de qualité qui ne coûtent en moyenne que 80€.. Idem pour les chiffres annoncés pour un plan de santé, pour une famille de 4 personnes, le coût mensuel est en moyenne de 250 €....Concernant le prix des véhicules pour l'équivalent de 15 000 € nous avons au Brésil une 207, le même prix qu'en France (par contre un peu moins bien équipé), la nouvelle C3 arrive en janvier au Brésil en motorisation 1.4 biflex aux alentours de 14000 € en France en Diesel elle coute 15000€, voir en occasion un Picasso Xsara de 2007 et 35000 km....

    Évoquer les grands projets en cours de développement d'une région enclavée et restée longtemps en retrait par rapport à Sao Paulo, Rio de Janeiro n'est pas forcément un signe que l'endroit est dynamique ou en pleine essor, il rattrape un retard, et répond à un besoin qui s'est fait de plus en plus pressant par l'explosion des exportations, ensuite à savoir si cela durera dans le temps, il faudra attendre 10 ans. L’Espagne a construit des infrastructures aéroportuaires en prévision d'un développement immobilier effréné qui aujourd'hui est partie en vrille, résultat des dizaines d'aéroports flambant neuf sans avion et sans passager dont les investissements ce chiffre en dizaine de million d'euro

    Tout ce qui brille ou qui semble n'est pas source de succès et beaucoup viennent au Brésil, en pensant que tout est possible

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  6. une analyse pertinente, comme l'a souligné Christelle. brésilienne, travaillant à l'export, mais vivant à l'étranger depuis près de 12 ans, je vois, à chaque fois que j'y vais, à quelle vitesse ce pays avance... mais qui dit vitesse, dit risques. au delà de la bureaucratie, le Brésil a une classe moyenne grimpante qui fait parler d'elle dans le monde entier, mais c'est une tranche de la population qui vit principalement (mais non exclusivement) à crédit, avec deux voir trois cartes de crédit par personne. l'essence est payé à 60 et 90 jours par chèque. ça ne vous rappelle pas une autre nation qui faisait encore frétiller les marchés?

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  7. Faire l'apologie des années Lulla me semble un peu hazardeux. On voit aujourd'hui que tous ses ministres tombent un à un pour corruption, sans compter les dettes pharaoniques qu'il laisse à sa chère élève!!! Disons que le Brésil en général, et Lulla en particulier ont surfé sur la bonne santé économique du moment en bénéficiant d'un héritage de consolidation du Réal.
    En 8 années, aucune amélioration sur le plan santé, surtout dans le nordeste, une éducation à la dérive (privé comme publique), des infrastructures chaotiques, une insécurité grandissante. Je travaille dans le domaine spatial qui fête ses 50 ans cette année au Brésil!!! Beaucoup d'argent dépensé pour un résultat nul(archi nul): aucun satellite brésilien, aucun lanceur viable.
    Au delà des grands discours des politiques, soyons un peu plus réalistes.

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  8. Je vis à Vitória (ES) et confirme les chiffres (plano de saúde, école, bagnole, etc.) d'Élodie et Fabio. Mais il est vrai qu'il faut nuancer selon les 26 capitales des États (27 avec le DF). Ainsi Vitória est-il sans doute encore un peu plus cher que Recife.

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    1. bah c est marrant moi aussi je vis a Vix !!

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  9. Entreprendre et vivre au Brésil... je vous invite à faire un tour sur le blog http://www.mylittlebrasil.com.br/ qui est très riche en information et recommandations.
    Christelle

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  10. En Parlant de Recife. Les anglais y mettent un pied

    "UK opens new consulate in Recife, next to northeast Brazil main trade and sea hub"

    http://en.mercopress.com/2011/11/29/uk-opens-new-consulate-in-recife-next-to-northeast-brazil-main-trade-and-sea-hub

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  11. Oui, avec l'ouverture du Consulat de GB cela porte à 9 le nombre de Consulats "de carrière" à Recife. Ce qui prouve le dynamisme de la région !

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  12. Excellentes initiatives, félicitations, le Brésil est un beau pays plein de gens enthousiastes et qui nous aident, nous, Français vivant là bas à être également enthousiaste. Par contre Lula a un bilan positif même si au final il n'a pas fait grand chose, il a mis en place des mesures sociales qui n'ont aucunement dopé la situation économique, il bénéficie des résultats du bon travail, critiqués par certains, de Fernando Henrique Cardoso, qui procure aujourd'hui une excellente croissance au Brésil.

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