INTERVIEW D'EXPERT : Jean de Webmarketing Junkie. Expert en stratégies marketing

Jean est un expert en stratégies marketing. Il gagne sa vie sur internet depuis 2003 et son Blog Webmarketing Junkie est une référence. Il voyage à plein temps, et sa vie tient dans un sac à dos.

Petit à petit, il a abandonné les activités qui lui demandaient une présence physique, ou un engagement trop important dans des tâches qui ne l’intéressaient pas. Il a vendu, donné ou jeté 95% de ses possessions matérielles, limité ses engagements et dématérialisé son organisation.

En simplifiant et en dématérialisant son organisation, Il peut voyager. C’était d’ailleurs son objectif en démarrant ce processus. Il s'est lancé dans un « voyage perpétuel ». C’est un mode de vie rendu possible grâce à internet.

Chaque jour, il partage des stratégies pour rentabiliser son site web, réaliser ses projets et gagner son indépendance. Sur Webmarketing Junkie, il partage des techniques et des outils.

Sa vision du business en découle directement : il pratique un marketing qui consiste à proposer du contenu gratuit avant de vendre, et à créer des relations avec ses clients sur une base d’égalité.

TON REGARD SUR L’ENTREPRENEURIAT FRANCAIS ?

Même si nos entreprises du CAC40 sont très performantes à l’international, les petits entrepreneurs Français peinent à se lancer à l’export malgré un fort potentiel « Made in France ».

Tu vis à l’étranger mais tu travailles énormément avec la France et le regard que tu portes sur le monde est très intéressant pour nous aider à progresser. Quelle vision as-tu de la France et sa culture entrepreneuriale ? D’après toi, qu’est ce qui nous empêche de sortir de nos frontières et d’être compétitif à l’export ? D’après ton expérience quels conseils donnerez tu à quelqu’un qui souhaite se lancer à l’international ?

Jean : Le premier problème, c'est la langue. Il suffit de voyager un peu pour se rendre compte que le niveau d'anglais des Français est bas. Très bas. En Roumanie, au Vietnam, en Thaïlande ou en Hongrie, pour citer quelques pays par lesquels je suis passé, quand on a le niveau bac, on est bilingue. Même les enfants regardent Cartoon Network en VO, sous-titrée ou pas. Les ados cherchent sur Google en anglais. Souvent, même, ils communiquent entre-eux par SMS rédigés en anglais.

La raison est simple : les langues de ces pays ne sont pas répandues. Pour communiquer, l'anglais est indispensable. Alors qu'en France, on s'attend à ce que les autres fassent l'effort de parler notre langue, sous prétexte qu'elle est utilisée dans plusieurs dizaines de pays. D'ailleurs, on croit toujours que l'anglais se limite à être "la langue des Américains". C'est faux. C'est aussi la deuxième langue des Coréens, des Slovaques, des Colombiens, des Chinois... et du monde entier.

La deuxième raison est la conséquence de la première. Comme on ne parle que le français, on s'enferme dans notre culture. Les imports culturels s'arrêtent au bas de gamme : les shows de télé-réalité, les blockbusters américains, et les pop stars. Alors on assimile la culture anglophone à une "culture-poubelle". Parce qu'on ne voit que le moins bon. Il suffit d'ouvrir un quotidien national pour se rendre compte qu'on est informé sur le reste du monde seulement quand on y a des intérêts en jeu. La méconnaissance des pays qui nous entourent est flagrante. Choquante.

Alors, forcément, il est difficile de savoir comment vendre un produit quand on ne sait pas à qui l'on s'adresse. Ceux qui s'ouvrent à l'international sont souvent des voyageurs, comme toi, qui ont franchi ces barrières-là. Mais pour quelqu'un qui sort fraîchement de l'école, et pour qui la banlieue parisienne est déjà un univers lointain, forcément, c'est plus difficile.

TON ENRICHISSEMENT PERSONNEL A L’INTERNATIONAL ?

Tu as choisi de vivre une vie un peu particulière. Tu changes de pays très souvent mais en plus, l’organisation de ton entreprise est adaptée à une mobilité quasi permanente. En tant que Français, qu’est ce qui a changé dans ta perception du monde et des relations humaines ? Quels sont les préjugés que nous pouvons avoir de par notre culture française, notamment avec l’Asie que tu parcoure actuellement et qui fait peur ici à beaucoup de dirigeants ?

Jean : J'ai fait le choix d'orienter toutes mes activités sur le web. Par passion pour le support, et aussi par choix de vie. Mon business est entièrement dématérialisé : ma vie et mon bureau tiennent dans moins de 20 kg.

Tous mes documents papier sont numérisés et accessibles en ligne. Un prestataire scanne mon courrier, qui est consultable sur le web. Bien entendu, je conserve une archive papier en France, chez un proche. Dont la copie intégrale est disponible depuis mon ordinateur, que je sois à Moscou ou à Berlin.

Beaucoup de choses ont changé dans ma perception du monde. Forcément, on prend du recul. La presse analyse toujours les événements qui ont lieu à l'étranger à travers des "lunettes françaises". Le lecteur français s'identifie à l'ouvrier chinois. L'électeur français s'identifie à l'électeur russe ou américain. Alors que les réalités sont bien différentes. Si l'on veut comprendre, alors il faut retirer ses lunettes.

Vous avez forcément vu, comme moi, un de ces films sur le Moyen-Age, où les héros ressemblent davantage à des cadres supérieurs habitant Manhattan qu'a des seigneurs du temps des châteaux forts. Leurs préoccupations, leurs réactions, leurs émotions sont identiques à celles des spectateurs. Pour passer un bon moment en famille au cinéma, c'est bien. Mais pour comprendre le Moyen-Age, il faut commencer par retirer ses lunettes. Et pour comprendre une autre culture aussi.

EFFICACITE EXPORT ET MARKETING EN LIGNE ?

Tu est un des plus éminent expert Français de la stratégie et du marketing en ligne. Nous vivons désormais dans un monde où la vitesse est déterminante, notamment en ce qui concerne les technologies de l’information. D’après toi, en quoi ces évolutions impactent-elles la TPE/PME française et quel serait les conseils que tu donnerais à un artisan, un commerçant, un petit fabricant qui pourrait avoir une mine d’or entre les mains à l’export sans le savoir ? Doit-il faire du marketing social ?

Jean : Il est indispensable de comprendre qu'internet n'est pas seulement un nouvel outil. C'est aussi, et surtout, une nouvelle façon d'entretenir des relations.

Beaucoup de PME essayent de traduire sur le web le marketing qu'elles pratiquent depuis 20 ans. Elles utilisent l'email comme elles démarchaient au téléphone. Elles utilisent un compte Facebook comme elles utilisaient un panneau publicitaire. Elles utilisent la publicité en ligne comme elles utilisaient les annonce-presse. Or, internet permet d'aller beaucoup plus loin. De "transformer des inconnus en amis, et des amis en clients", comme l'écrivait Seth Godin. De créer des relations. De passer d'une communication à sens unique à un dialogue.

Prendre sa place dans une communauté, être vu comme un expert plutôt que comme un simple vendeur, partager gratuitement avant de recevoir, ce sont les bases d'une communication efficace sur internet.

Quel que soit le choix des supports, qu'il s'agisse de bloguer ou de fédérer une communauté sur les réseaux sociaux, l'objectif est le même : prouver sa valeur et créer des liens avant de pousser les visiteurs à l'achat.

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